Il est 20h04, toute la maisonnée dort déjà!
Pour moi qui suis plutôt un oiseau de nuit, c'est très particulier! Mais je commence à prendre goût au fait de me coucher tôt ; pour la première fois depuis des années, j'arrive à lire pendant une grosse heure ... sans me fatiguer!
Je suis assise dans mon lit. Et il pleut -littéralement- des cordes... À un point tel que Luciana, la fille de Nadia, a réussi à me faire croire pendant quelques secondes qu'on assistait à la naissance d'un... Cyclone! Comme il n'y a pas de fenêtres encore sur notre maison - ce sont des grillages - on a décollé les lits des murs pour que la pluie n'atteigne pas les filles dans leur chambre. Bizarrement, je me sens très réconfortée par tout le vacarme du ciel ce soir.
Nadia et moi on commence vraiment à devenir proches. Je n'ai jamais eu un contact aussi vrai, aussi amical que celui-là durant un voyage à l'étranger ; ce soir, Nadia m'a parlé de choses très intimes et... je lui ai aussi confié certaines de mes histoires personnelles (amour, famille, etc...). Elle a été d'un grand réconfort. C'est une femme très forte et indépendante d'esprit ! En l'écoutant -Nadia y allait de proverbes haïtiens pour me conseiller!-, je me disais que j'aimerais vraiment être un peu plus comme elle, savoir développer cette force intérieure qui semble la porter partout où elle va.
Parlant de force intérieure : Nadia m'a beaucoup impressionnée aujourd'hui. Je l'ai observée travailler auprès des fillettes du centre Magalie pour la première fois ce matin, alors qu'elle devait assumer la lourde tâche d'annoncer à une des adolescentes du centre qu'elle sera sans doute renvoyée dans les prochaines semaines (il y a beaucoup de tensions entre les pensionnaires du centre). J'ai assisté à toute la réunion - environ 4 heures- et j'ai trouvé la situation vraiment déchirante.
En écoutant les histoires de querelles entre les fillettes du centre, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à ma propre enfance : j'étais identique à ces filles! Sans réelle malice...je me bagarrais, je me chamaillais constamment, tout cela parce que je cherchais "ma" place. Je souhaitais être acceptée au sein d'un groupe! Et à l'instar de ces filles, je me retrouvais trop souvent devant le bureau du directeur! Mais le drame de ces adolescentes, c'est qu'une fois renvoyées du centre -
Nadia semble vraiment pensé que les limites ont été dépassées- beaucoup d'entre elles ne pourront pas compter sur un filet social, ou une seconde famille pour les soutenir. Non, pour bon nombre d'entre elles, être mises à la porte du centre signifiera se retrouver... à la rue. Nadia s'est chargée de rappeler cette dure réalité aux adolescentes, qui pleuraient en l'écoutant. C'était loin... Loin d'être banal, croyez-moi.
En montant dans la voiture qui me ramenait chez Nadia en fin de journée, je me suis dit que cette réunion, bien que nécessaire, était sans doute l'une des plus difficile à laquelle j'avais pu assister.
Je me sens tout de même privilégiée. Nadia me fait vraiment une place au cœur de sa vie, de son travail, et je l'apprécie de plus en plus. Je serais donc en train de vaincre.... Le choc culturel ?? Hourra!!!
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